Excuser n’est pas pardonner
Excuser, c’est comprendre.
C'est chercher les raisons, les circonstances, la logique de ce qui s’est passé.
C’est une démarche mentale, qui remet du sens, mais qui n’ouvre pas encore le cœur.
Mais comprendre ne suffit pas à apaiser le cœur...
Pardonner, c’est autre chose.
C’est un choix du lien, un mouvement intérieur qui vient parfois après un long chemin de réparation.
Le pardon ne se décide pas : il émerge, un jour, quand la sécurité et la vérité ont retrouvé leur place.
Le pardon n’est pas un oubli : c’est un souffle nouveau qui se glisse dans le couple
Nommer ce qui a été blessé
Avant toute réparation, il faut
regarder la blessure en face et
reconnaître ce qui a été atteint :
- la confiance,
- l’image de soi,
- le contrat du couple,
- ou le sens même du lien.
Tant que la blessure n’est pas nommée, le couple reste prisonnier du non-dit.
Souvent, le corps réagit avant les mots : un nœud dans le ventre, une gorge serrée, des mains qui tremblent.
Nommer ces blessures, c’est
redonner forme à ce qui a été déchiré, et créer un espace pour que la parole circule. »
Ouvrir un espace de responsabilité
Réparer, ce n’est pas nier ni mimiser ni justifier, c’est oser regarder ensemble la réalité, dans toute sa complexité.
C’est
oser se tenir face à l’autre avec vérité, même si cela fait mal.
Pour la personne qui a blessé :
- écouter la douleur de l’autre sans se défendre ni justifier ses gestes.,
- reconnaître les faits et accueillir la parole et le douleur de l’autre
- formuler une intention sincère de réparer — non pour être pardonné, mais pour redevenir digne de confiance.
- Poser des actes concrets pour retisser la confiance (gestes cohérents avec les paroles, transparence, présence régulière, rituels simples)
Pour la personne blessée :
- être entendue sans que l’autre cherche à la consoler trop vite,
- exprimer sa colère, sa tristesse et sa peur sans se censurer.
- décider si le moment est venu de pardonner ou si ce temps de réflexion doit être respecté.
- Communiquer ses besoins et limites clairement, tout en gardant la liberté de dire « je ne suis pas prêt·e à pardonner encore
- garder la liberté du rythme.
La réparation commence quand chacun peut tenir sa place dans la vérité du lien.
Retrouver la sécurité avant de chercher le pardon
Le pardon ne vient pas avant la sécurité.
Le pardon n’est pas un ordre, il est un processus.
C’est la sécurité relationnelle — transparence, fiabilité, cohérence — qui permet, un jour, que le pardon devienne possible.
Sans sécurité, le pardon n’est qu’un effort moral. Il germe
quand le couple retrouve un socle de sécurité : transparence, fiabilité, cohérence entre les mots et les actes.
Avec elle, il peut devenir un acte libre.
Réécrire le lien : la crise comme passage
Quand tout semble perdu, c’est souvent là que le couple a la chance de se réinventer.
Le système ancien ne fonctionne plus ; il explose pour laisser la place à autre chose.
La crise fait éclater l’ancien système pour laisser naître quelque chose de plus vrai. »
C’est le moment de
réécrire votre histoire
Le travail thérapeutique aide alors à réécrire le récit du couple :
non plus à partir d'un espca contraint, mais à partir d'un espace vivant
Qui sommes-nous après ce que nous avons traversé ?
Qu’est-ce que cette crise nous a appris sur nos besoins, nos limites, notre humanité ?
Cette réécriture, c’est la part vivante du processus :
elle transforme la crise en passage, la blessure en connaissance, la douleur en conscience.
Comme deux arbres dont les racines se sont emmêlées et que le vent a secoué, la crise est l'éclatement du tronc qui peut permettre la sève permette une. nouvelle.éclosion.
Le rituel : acte de passage et de pardon
Le rituel symbolique peut. venir sceller cette réécriture.
Il peut prendre la forme d’une lettre, d’une parole, d’un geste, d’une rencontre.
Ce n’est pas une formalité : c’est un passage incarné.
Il dit :
« Je reconnais la blessure. Je reconnais ta part et la mienne. Je choisis de ne plus rester prisonnier de ce qui a été. »
Le rituel donne au pardon une dimension vécue, pas seulement mentale.
Il inscrit la transformation dans le corps, dans le cœur, dans la mémoire du couple.
La vérité du lien, au-delà du pardon
Parfois, la réécriture permet au couple de se retrouver.
Parfois, elle ouvre à une séparation paisible et respectueuse.
Dans tous les cas, faire réparation, c’est honorer la vérité du lien.
C’est reconnaître ce qui s’est brisé, prendre soin de ce qui peut l’être, et se tenir debout devant ce qui ne peut plus l’être.
Vers un nouvel espace plus vivant et juste
Ce chemin de réparation peut être long, coûteux et énergivore.
Il demande courage, présence et engagement. Mais traverser cette crise avec conscience et accompagnement peut ouvrir
un nouvel espace dans le couple : plus vivant, plus juste, plus sincère. Même si la blessure ne disparaît jamais complètement, le lien peut renaître d’une manière plus profonde et plus consciente.
Le rôle du thérapeute
Le thérapeute agit comme un guide présent et cadrant : il accueille les émotions de chacun sans jugement, maintient un cadre sécurisant, et veille à ce que la parole circule sans violence ni interruption.
Il aide à
mettre des mots sur les sensations corporelles et les ressentis : ce que le corps exprime avant la pensée, ce que le cœur ressent avant les mots.
Il accompagne le couple dans
la clarification des rôles
: soutenir la personne qui a blessé à prendre ses responsabilités, accompagner la personne blessée à exprimer ses besoins et ses limites, tout en respectant le rythme de chacun.
Il propose des
rituels symboliques ou gestes concrets pour ancrer la réparation et la réécriture du lien, et permet que la transformation ne reste pas seulement théorique mais s’incarne dans la relation.
Il n’impose pas de pardon ni de réconciliation,
mais veille à ce que chaque étape soit vécue avec dignité, conscience et sécurité.
La crise n’est pas la fin.
Elle peut être l’occasion de transformer la douleur en un souffle nouveau, pour vous et pour le couple.
Elle est parfois le début d’une vérité plus vivante.